La nourriture à Tokyo : Entre gastronomie et petits budgets

Dans un projet d'expatriation, comment ne pas parler de nourriture ? Manger trois fois par jour peut vite devenir une corvée si on n'apprécie pas la cuisine locale ou que le coût de la restauration devient prohibitif (coucou Toronto).

Vivre à Tokyo n'est pas synonyme de dépenses exorbitantes. Même si vous aurez toujours l'occasion de trouver des prix qui pourront vous donner le vertige, Tokyo se distingue par sa remarquable capacité à offrir des alternatives abordables. Cette flexibilité économique, que j'ai rarement eu l'occasion de retrouver dans nos villes françaises (ou ailleurs) permet à chacun de manger selon ses moyens sans sacrifier pour autant la qualité.

Une offre culinaire à la fois diversifiée et abordable

Tokyo m'a particulièrement impressionné par sa diversité et son accessibilité, s'adaptant à tous les budgets. Au-delà de la simple qualité des ingrédients et des préparations, c'est surtout l'excellent rapport qualité/prix qui mérite d'être souligné. Bien que l'on trouve les chaînes de restauration rapide habituelles (Mcdo, Burger King, etc...), la ville regorge d'établissements traditionnels : des restaurants de quartier chaleureux aux izakaya (bars-restaurants) conviviaux, en passant par les teishoku réconfortants et les innombrables konbini (supérettes) aux rayons traiteur bien garnis.

  • Les konbini (ouvert 24h/24 7j/7, littéralement) proposent des bentos et des plats préparés pour 500-800¥ (~3-5€)
  • Les restaurants de quartier servent des menus complets pour 800-1200¥ (~5-7€)
  • Les izakaya permettent de partager des plats entre 300¥ et 1000¥ (~2-6€) la portion. Petit point d'attention, c'est un endroit où l'alcool sera généralement moins cher que votre plat pour vous réjouir d'une bonne soirée alcoolisée.

Même les options les plus économiques maintiennent un niveau de qualité remarquable. Les ingrédients sont frais, la préparation soignée, et la présentation reste travaillée. On a vraiment l'embarras du choix : des stands de ramen authentiques aux restaurants moderne, des échoppes traditionnelles de sushi aux cafés contemporains. Cette diversité ne se fait pas au détriment de la qualité où même un repas à petit prix reste une expérience gastronomique satisfaisante.

En comparaison avec la France, je ne me souviens plus de la dernière fois où j'ai pu prendre plaisir à manger un bon repas complet pour moins de 10€ (non, McDonald's ne compte pas surtout qu'on est bientôt proche des 10€ le menu quand il est à... 5€ par ici).

~12€ pour le repas complet avec boisson

Un Tonkatsu avec boisson pour~6€

Je vous rassure, si vous voulez tout de même manger dans des restaurants de haute volée, Tokyo est encore la ville qui détient le plus de restaurants étoilés au monde en 2024, toutes étoiles confondues:

  • 137 restaurants avec une étoile Michelin (contre 106 à Paris)
  • 32 restaurants avec deux étoiles Michelin (contre 16 à Paris)
  • 12 restaurants avec trois étoiles Michelin (contre 10 à Paris)

Par ailleurs, le Top 5 des villes au monde avec le plus de restaurants étoilés Michelin est : Tokyo, Paris, Osaka (Japon), Kyoto (Japon), et Londres. Ils sont fort ces Japonais.

La culture des spécialités saisonnières

Le Japon accorde une importance particulière aux saisons, et cela se reflète directement dans leur gastronomie. Cette sensibilité saisonnière, ou "shun" (旬) en japonais, influence profondément les menus et les ingrédients utilisés. C'est fascinant de voir à quel point les Japonais célèbrent chaque changement de saison à travers leur cuisine (et pas que). A ce jour, j'ai eu la chance de traverser le printemps vers l'été. Puis, de l'automne vers l'hiver.

Au printemps, la folie des sakura s'empare de la ville. On retrouve les sakura mochi (gâteaux de riz roses enveloppés dans une feuille de cerisier) et les hanami bentos spécialement conçus pour le pique-nique sous les cerisiers. L'été apporte son lot de rafraîchissements avec les kakigōri (glaces pilées aux sirops fruités) et les sōmen glacés qui permettent de supporter la chaleur humide de Tokyo.

Hanami. Les Sakura étaient en retard cette année mais ils avaient quand même prévu l'évènement.

L'automne est probablement ma saison préférée actuellement avec ses matsutake (champignons), ses châtaignes grillées et ses patates douces. L'hiver, lui, devrait nous réconforter avec ses plats mijotés comme l'oden qu'on trouve même dans les konbini.

Les particularités de la restauration tokyoïte

Ce qui m'a le plus marqué à Tokyo, c'est cette approche presque monomaniaque de la spécialisation. Beaucoup d'établissements tokyoïtes se concentrent sur un seul type de plat. Vous trouverez des restaurants qui ne servent que des ramen, d'autres uniquement du tempura ou du tonkatsu, des yakitori (brochettes de viande grillées) ou des okonomiyaki (pancakes salés ou omelettes, à vous de voir). Cette spécialisation permet d'atteindre un niveau de perfection impressionnant dans la préparation de ces plats.

Autre particularité qui m'a amusé : les restaurants à tickets. Vous commandez et payez via une machine avant même d'entrer dans le restaurant. C'est pratique, rapide, et ça évite les malentendus liés à la barrière de la langue. Les "depachika" (食品売り場), ces food courts des sous-sols des grands magasins, sont une autre institution fascinante (que l'on retrouve aussi en Amérique du Nord). On y trouve de très bons produits, que ce soit des pâtisseries françaises aux spécialités japonaises les plus raffinées.

Une rue avec de multitude de restaurants / bars à Shibuya

Le "solo dining" : une expérience décomplexée des repas en solo

Contrairement à de nombreux pays occidentaux où manger seul au restaurant peut être perçu comme gênant, ici c'est une pratique totalement acceptée et même facilitée par l'infrastructure. De nombreux restaurants sont conçus spécifiquement pour les "solo diners" avec des comptoirs individuels ou des boxes séparés par des cloisons. Les fameux restaurants de ramen disposent souvent de places individuelles face au mur, parfaites pour se concentrer sur son bol fumant sans distraction.

Que ce soit pour un déjeuner rapide pendant la pause du travail ou un dîner tranquille, personne ne vous regardera de travers si vous demandez une table pour une personne. Les établissements s'adaptent d'ailleurs à cette demande avec des menus et des portions individuelles bien pensées.

Une expérience culinaire sans fin

Cette exploration de la scène culinaire tokyoïte n'est qu'un aperçu de ce que la ville a à offrir. Chaque quartier, chaque ruelle cache potentiellement le prochain restaurant qui deviendra votre favori. Des stands de street food aux restaurants étoilés, des izakayas traditionnels aux concepts les plus innovants, Tokyo est un terrain de jeu infini pour les amateurs de gastronomie. Et je ne vous ai pas encore parlé des nombreux cafés que je découvre petit à petit...!

Doucement mais surement, on finit par apprécier le matcha

Un café dans une maison typique japonaise

La ville continue de me surprendre après plusieurs mois, et je suis convaincu qu'il me faudrait des années pour explorer ne serait-ce qu'une fraction de ce que Tokyo propose en matière de cuisine. Cette diversité inépuisable pour la nourriture font de Tokyo l'une des capitales gastronomiques les plus fascinantes.