De touriste à expatrié : mon arrivée à Tokyo

Le 26 Mars 2025, l'atterrissage à Tokyo marque le début d'une nouvelle vie. Ce n'est plus un voyage temporaire, mais le commencement d'une véritable expatriation. Les 2 valises sont lourdes, mais le coeur est léger autant que faire se peut, rempli d'excitation et d'appréhension à la fois. C'est une émotion particulière où l'on éprouve à la fois la joie de la nouveauté et la tristesse de la séparation.

Hakone à ~1h de Tokyo

Le parc d'Inokashira à Tokyo

Les 48 premières heures : un tourbillon d'émotions

Les deux premiers jours sont un véritable tsunami émotionnel. L'euphorie de l'arrivée se mêle à la fatigue du voyage, créant un état de conscience particulier où tout semble à la fois irréel et intensément réel. Le premier soir, on prend conscience de ce que l'on a fait, de ce que l'on a laissé derrière et de ce que l'on va vivre. Tout est bien différent de mes 3 premiers voyages : je ne suis plus un touriste, je suis un expatrié.

A partir de la fin de la deuxième journée, les émotions commencent à se décanter. L'appréhension laisse place à une curiosité renouvelée et la fatigue se transforme en énergie. C'est à ce moment-là que je me rappelle pourquoi je suis là, et que je réalise que cette aventure, malgré ses défis, est exactement ce dont j'avais besoin. Je me sens bien ici et c'est ici que je dois être.

La rivière qui borde le palais impérial en pleine période de sakura.

Les premiers pas administratifs

Les premiers jours sont un marathon administratif. L'enregistrement à la mairie (que vous devez faire à chaque fois que vous changez de domicile), l'ouverture d'un compte bancaire, la souscription à une assurance santé - chaque étape est un défi linguistique et culturel. Les formulaires en japonais sont assez intimidants (certainement à cause de la langue) et sans doute plus difficiles à remplir que les formulaires en français.

La bureaucratie japonaise est réputée pour son efficacité, mais aussi pour sa complexité. Chaque document doit être parfait, chaque case doit être cochée avec précision.

L'épreuve du numéro de téléphone

Parmi les défis administratifs, l'obtention d'un numéro de téléphone japonais s'est révélée être une expérience particulièrement mémorable. Ce qui aurait pu sembler être une simple formalité s'est transformé en une véritable odyssée d'une heure et demie.

Dans la boutique de l'opérateur, chaque étape est méticuleusement expliquée et validée. Le processus est décortiqué en une multitude de micro-décisions : le choix du forfait, la validation des documents d'identité, la configuration du téléphone, l'explication détaillée de chaque option... Rien n'est laissé au hasard. Cette approche minutieuse, typiquement japonaise, garantit que tout est parfaitement compris, mais demande une patience certaine.

L'employé, d'une politesse exemplaire, prend le temps de tout expliquer, utilisant un mélange de japonais simple et de gestes pour s'assurer que chaque point est bien assimilé. Cette attention au détail, bien que chronophage, reflète parfaitement la culture de service japonaise où la qualité, ou bien la précision, prime sur la rapidité.

Malgré ça, j'ai eu la chance de voir les sakura en plein éclat pour la 2ème fois.

L'école, un nouveau défi

Les premiers cours à l'école de japonais sont un mélange d'excitation et d'humilité. Après des mois d'auto-apprentissage, se retrouver en classe avec d'autres étudiants venus du monde entier est une expérience enrichissante. Les professeurs, patients et encourageants, nous guident à travers les subtilités de la langue.

Les cours intensifs sont exigeants, mais chaque jour apporte son lot de petites victoires.

L'un des aspects les plus surprenants de l'apprentissage du japonais est la façon dont la grammaire est enseignée. Contrairement aux langues européennes où la grammaire est souvent présentée de manière structurée et détaillée, les professeurs japonais ont tendance à enseigner la grammaire de manière plus intuitive et contextuelle.

Cette approche peut être déroutante pour les étudiants européens habitués à des explications grammaticales précises. Les professeurs japonais, pour qui ces structures sont naturelles depuis l'enfance, ont parfois du mal à expliquer les règles de manière formelle. "C'est comme ça" est une réponse fréquente aux questions sur le pourquoi de certaines constructions grammaticales. D'autant plus que le japonais a d'abord été une langue parlée avant d'être écrite.

Cette différence d'approche pédagogique met en lumière un aspect fascinant de l'apprentissage des langues : ce qui semble évident pour un locuteur natif peut être un véritable casse-tête pour un apprenant étranger. C'est évident n'est-ce pas ? Mais cela nous rappelle que la langue n'est pas qu'un ensemble de règles, mais aussi une façon de penser et de voir le monde.

Un nouveau rythme de vie

L'adaptation à un nouveau rythme de vie est progressive. Les horaires de l'école, les habitudes alimentaires, les codes sociaux - tout demande un temps d'ajustement. Mais c'est précisément dans ces ajustements que se trouve la beauté de l'expatriation. Cette expérience m'invite à une certaine déconstruction de mes habitudes passées et ouvre la voie à une nouvelle construction de moi-même, enrichie par la culture japonaise qui m'entoure.

Le Japon n'est plus une destination de voyage, mais un véritable chez-moi. Chaque jour apporte son lot de découvertes et de défis, et ce malgré mes 3 précédents séjours. Une nouvelle vie commence, riche de promesses et d'apprentissages, où je ne suis plus simplement un observateur de ce pays.

日本語の勉強は大変ですが、毎日少しずつ進歩しています。

Nihongo no benkyou wa taihen desu ga, mainichi sukoshi zutsu shinpo shiteimasu. (L'étude du japonais est difficile, mais je progresse un peu chaque jour.)

Ce café à Shibuya est extraordinaire